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Petits films réalisés en cours

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Petits films réalisés en cours Empty Petits films réalisés en cours

Message par Stoony Jeu 4 Déc - 16:52

Je vais vous mettre ici les différents petits films que je réalise en cours.

Je commence avec un film monté d'après 3 lignes de scénario.
https://www.dailymotion.com/Stoonytoon/video/12783464
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Message par Stoony Sam 10 Jan - 11:56

Je sais que certains adorent Pulp Fiction. J'ai écrit un truc dessus pour les cours donc si ça s'en intéresse certains de le lire je vous le met.
Si personne le lit vous inquiétez pas je ne serai pas vexé ^^


Il est de ces films qui dès leur sortie ont un fort retentissement et qui va avec le temps deviennent culte pour toute une génération. Le festival de Cannes a souvent été un tremplin pour ces films. De grands réalisateurs reconnus ont fait leur début sur ce tapis rouge. Francis Ford Coppola avec Apocalypse Now, Steven Soderbergh avec Sexe, Mensonge et Vidéos, autant de films qui ont connu un succès à Cannes et sont devenus des étapes obligatoires pour tous les cinéphiles. Pulp Fiction n’échappe pas à la règle. Né de l’imagination de Quentin Tarantino, réalisateur habitué du festival de Cannes, celui-ci obtiendra la palme d’or en 1994 alors que le président du jury était Clint Eastwood.

A quoi le film doit-il son succès ? Succès qui a eu lieu à Cannes mais qui perdure également puisque le film est considéré comme culte par de nombreux cinéphiles. A chaque fois qu’un magazine, un site Internet lance un classement du top 50 des plus grands films de tous les temps, il en fait parti. Que ce soit dans celui du magazine Première, du site Allociné, ou du célèbre magazine américain Empire.
On peut penser que la pléiade d’acteurs particulièrement célèbres qui jouent dans le film y est pour quelque chose. Bruce Willis qui avait déjà joué dans les deux premiers Die Hard, John Travolta qui y relançait sa carrière après sa période Grease et Saturday Night Fever, Christopher Walken déjà un grand acteur reconnu depuis Voyage au bout de l’Enfer, Tim Roth qu’on avait déjà pu voir dans Reservoir Dogs, le premier film de Quentin Tarantino, tout comme Harvey Keitel, mais également des acteurs comme Samuel L. Jackson, Ving Rhames, Uma Thurman qui sont devenus très célèbres par la suite.
L’autre point qui fait le film a rencontré un franc succès est sûrement le côté original du film, celui qui consiste à monter plusieurs histoire en parallèle et à les lier entre elles grâce à des personnages, des lieux,… Ce type de films s’est particulièrement développé depuis quelques années. On peut notamment citer Collision de Paul Haggis ou Babel de Alejandro Gonzalez Inarritu.

Ici, Quentin Tarantino décide de s’attaquer au film de gangster, genre qui lui est cher puisque Reservoir Dogs parlait du même sujet, tout comme les scénarios de True Romance et Tueurs Nés qu’il a écrit. Mais Tarantino mais ne traite pas le film « mafia » de façon classique comme peuvent l’avoir été Le Parrain de Francis Ford Coppola, les Affranchis et Casino de Martin Scorsese ou encore les Incorruptibles de Brian de Palma. Quentin Tarantino jongle avec les codes du genre. Et pour ça il utilise donc la multiplication d’histoires concernant des personnages différents. En l’occurrence dans Pulp Fiction, il raconte l’histoire de deux tueurs, celle de la femme du parrain de la mafia, celle d’un boxeur sur le déclin, celle de petits braqueurs, etc. Toutes ces histoires ont d’ailleurs étaient écrites séparément au départ.

Pour ce qui est de Quentin Tarantino, c’est un réalisateur nouveau dans le paysage américain lorsqu’il apparaît au début des années 1990. Et même à l’heure actuelle il est considéré comme un réalisateur à part par ses pairs. C’est un réalisateur qui ne dépend pas d’Hollywood et des grands studios. Ce qui lui permet une liberté quasi totale quant à la conception et la mise en scène de ses films. Alors qu’on sait que lorsqu’on dépend des grands studios hollywoodiens, il est très difficile de faire « son » film. Le réalisateur français Matthieu Kassovitz en a fait l’expérience récemment avec Babylon AD. Quentin Tarantino dépend lui des frères Weinsten. Mais dépendre est-il le mot qui convient ? Ce sont ces producteurs qui donnent plus leur chance à des films indépendants que des Jerry Bruckheimer ou Joel Silver. Avec eux, Quentin Tarantino reste maître à bord.
Ce dernier a réalisé six films en quinze ans. C’est une moyenne plutôt faible lorsqu’on le compare à des Steven Spielberg, Woody Allen ou Ridley Scott qui sortent près d’un film par an. En l’occurrence il a réalisé Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jacky Brown, Kill Bill I, Kill Bill II et Boulevard de la Mort.
Quentin Tarantino est un réalisateur qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Il ne fait pas de demi-mesures. On peut d’ailleurs prendre comme exemple la remise de la Palme d’or au Festival de Cannes. En effet alors que le réalisateur et son équipe montaient sur la scène sous les acclamations du public, une femme s’est mise à hurler dans la salle des injures à l’encontre du film. Ce à quoi Tarantino a répondu d’un doigt d’honneur.

Quentin Tarantino est un réalisateur qui aime déconstruire pour reconstruire en jonglant avec, les codes du genre du film qu’il réalise, et plus généralement ceux du cinéma. Pulp Fiction en est un très bon exemple, et la séquence que nous avons étudié avec un plus grand approfondissement également. Le réalisateur américain aime que le spectateur soit perdu, qu’il n’arrive pas à reconstruire facilement le film. Son but est de divertir ce spectateur, tout en s’amusant, en prenant du plaisir lorsqu’il réalise ses films. L’un des meilleurs exemples de ce plaisir se trouve dans Boulevard de la Mort. Tout au long du film ses personnages font référence aux slashers, film des années 70 un peu série B dans lesquels les voitures avaient une grande place. Ce sont des références que très peu de personnes peuvent comprendre, ces films étant pour la plupart inédit. Tout ça est plutôt pour lui et pour créer une « ambiance tarantinesque ».

Pour ce qui est du titre du film, Pulp Fiction, il fait référence aux romans de gare vendus au début du 20ème siècle. C’étaient des petits livres bon marché qu’on lisait puis qu’on jetait, d’où les 10c que l’on retrouve sur l’affiche du film. C’est un titre étrange pour son film, puisque c’est une sorte de dénigrement. Un titre non flatteur qui qualifie son travail de jetable.

Pour ce travail, nous nous sommes intéressés à une séquence en particulier, celle où Vincent Vega (John Travolta) et Jules Winnfield (Samuel L. Jackson) se rendent chez de jeunes gangsters de seconde zone qui ont essayé de les doubler. Il viennent récupérer une mallette pour leur parrain Marcellus Wallace et ensuite régler leur compte avec ces deux jeunes. Via cette séquence, mais également en prenant en compte l’ensemble du film, nous nous sommes alors demandés quelles étaient les particularités du film de Quentin Tarantino. Nous avons d’abord étudié la narration, puis le côté ludique du film, et enfin son esthétique.
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Message par Stoony Sam 10 Jan - 11:57

I / Récit et narration


Dans un film comme Pulp Fiction qui est découpé de façon très singulière, il faut faire très attention à ne pas confondre récit et histoire. Le récit est le temps que dure le film, c’est ce que le réalisateur montre à l’écran, ce qu’on voit. L’histoire est plus large, c’est ce qui se passe dans la vie de nos personnages du début à la fin, mais qu’on ne voit pas forcément. Il est rare que le récit et l’histoire concordent parfaitement puisque dans la plupart des films des ellipses sont utilisées.
Plus concrètement dans Pulp Fiction, le récit dure les 2h29 du film. Il commence lorsque Yolanda et Ringo se lèvent pour braquer le restaurant, et se terminent lorsque Vincent et Jules se lèvent en quittant le restaurant que Yolanda et Ringo sont entrain de braquer. Entre temps, les histoires de Vincent et Jules, Vincent et Mia, Butch et Marcellus, viennent se glisser dans un sens pas forcément logique pour un spectateur habitué aux gros blockbusters hollywoodiens.
L’histoire quant à elle commence lorsque Vincent et Jules sont en voiture pour rendre visite aux deux jeunes qui ont doublé Marcellus Wallace, et se termine lorsque Butch s’en va en moto avec sa petite amie. Cette histoire dure environ 24 heures.
Si on devait classer les différentes parties du récit en parallèle aux mêmes parties de l’histoire, on se rendrait vite compte que les récits s’entremêlent. Aucun récit n’est placé au même endroit que l’histoire. Quentin Tarantino s’amuse à perdre le spectateur. Très vite on ne sait plus où en est dans le récit et dans l’histoire. Le réalisateur joue avec le spectateur, il s’amuse à le rendre coup sur coup spectateur omniscient ou simple spectateur.

Dans la séquence étudiée, l’histoire et le récit concorde, ils ne forment qu’une seule et même entité. En l’occurrence, cette histoire/récit dure six minutes, du moment où Vincent et Jules entrent dans l’appartement lorsque Marvin ouvre la porte, jusqu’au moment où les deux acolytes tuent Brett. Une nouvelle on peut parler de la construction du film puisque cette scène qui s’arrête avec cette tuerie, se prolonge près d’une heure et demi plus tard. On retrouve Vincent et Jules dans l’appartement au moment où ils appuient sur la gâchette, puis la scène continue.

Quentin Tarantino joue avec le temps et la mise en scène, mais également avec les types de films et de récits auxquels il fait référence. En effet le réalisateur américain s’inspire des films habituelles de mafia dans lesquels on règle des comptes et qui s’intéresse à la fois à la vie professionnelle et privée de cette mafia. Mais Quentin Tarantino fait également référence à la religion tout au long de son film et particulièrement dans cette séquence. Plus surprenant, on s’aperçoit qu’il utilise la sitcom et le théâtre, notamment dans la séquence étudiée. En effet on a une continuité de temps et de lieu. On reste dans un même espace et on discute de sujets de la vie quotidienne. Enfin, mais moins dans cette séquence, le film se réfère aux films des années 50 et 60, notamment dans la scène du restaurant entre Mia et Vincent.

Dans cette séquence comme dans toute l’œuvre de Quentin Tarantino, les personnages ont une grande importance. Chacun est à sa place, apportant sa touche personnelle au récit. En l’occurrence nous sommes en présence de cinq personnages, deux gangsters/tueurs que sont Vincent et Jules, et trois jeunes petits gangsters que sont Marvin, Roger et Brett.
Jules Winnfield est le personnage principal de cette séquence. C’est lui qui est mis en avant par la narration, la mise en scène mais également par lui-même. Il va faire un one man show tout au long de la séquence. Il est pratiquement le seul à parler. Quand les autres personnages parlent c’est parce que Jules leur a posé une question. D’ailleurs il ne supporte pas être coupé. Il s’énerve violemment sur Marvin lorsqu’il répond à une question qui ne lui était pas adressée. A l’inverse, lui ne se préoccupe pas d’interrompre les autres. Si Jules est autant en avant dans cette séquence, c’est vraisemblablement parce qu’entre Vincent et lui, c’est le seul qui a des facilités à s’exprimer. Il manie très bien la rhétorique. Il s’exprime de façon claire et concise pour être bien compris par ces interlocuteurs. Son langage peut autant être soutenu, autant être des plus vulgaires. Le ton de sa voix est d’ailleurs également dans cette ambiguïté soutenu/vulgaire. Jules est quelqu’un qui aime parler, il va d’ailleurs le démontrer tout au long du film. C’est lui qui parle avec Mr Wolf, le personnage joué par Harvey Keitel, il discute longuement avec Ringo (Tim Roth), etc. Vincent est quant à lui beaucoup moins loquace, il a du mal à parler s’il n’est pas avec son « pote » Jules. Là aussi la preuve est donné lorsqu’il se retrouve plus tard au restaurant avec Mia Wallace (Uma Thurman). C’est cette dernière qui doit pousser Vincent à discuter. Il semble donc logique que ce soit Jules qui prenne la parole dans une situation comme celle-ci. Lorsqu’il parle il ne laisse aucune chance à ses adversaires, un peu comme ça sera plus tard le cas avec un revolver. L’opposant ne peut pas lui répondre, il n’en a pas le temps. Par ailleurs, Jules est quelqu’un de très religieux. Tout au long de la séquence, comme du film la preuve nous en donner. Il connaît un morceau de la Bible par cœur qu’il récite à ses victimes avant de les abattre, il décide plus tard dans le film de se ranger après avoir survécu à une attaque, etc. Au cours de cette scène on apprend également de nombreux petits détails sur lui. On sait notamment qu’il a une copine qui le rend presque végétarien, même si il adore la viande,… Enfin au niveau de son look, et à l’instar de Vincent, on peut constater qu’il a une apparence très spéciale. Il se vêt d’un costume noir et blanc très sobre tout en ayant une coupe de cheveux afro avec des pattes se rapportant aux années 70.

Vincent Vega est quant à lui beaucoup plus effacé dans cette séquence. Dans le reste du film il a une place primordiale, puisqu’en minutage c’est lui qui apparaît le plus. Il joue d’ailleurs un rôle dans plusieurs des différentes histoires. Un rôle principal avec Jules puis avec Mia, mais également un rôle secondaire avec Butch (Bruce Willis). Mais dans cette séquence il est loin d’être le plus important. Il répond brièvement à quelques questions de Jules, récupère la mallette puis abat Brett. On pourrait même aller jusqu’à penser que Vincent et le sous-fifre de Jules, ce qui n’est aucunement le cas. A la vue des autres scènes du film, on voit bien que ce sont des égaux, qui plus est amis. Mais dans cette séquence, Vincent fait un peu ce que Jules lui dit. Il fait tout simplement homme de main, celui qu récupère la mallette et appuie sur la gâchette. Au niveau de son apparence, il est très proche de Jules puisqu’il porte le même costume. La différence se fait plus au niveau de la coiffure. Il s’approche plus des années 80, Amérique profonde, comme le Texas,… A propos de Vincent on peut également noter qu’il est le frère de Vic Vega, personnage de Reservoir Dogs joué par Michael Madsen.

Brett est lui un peu l’inverse de Vincent Vega. C’est à dire que c’est un personnage peut important dans l’ensemble du film mais qui dans cette séquence joue un grand rôle. Même si ce n’est jamais mentionné, il semble que ce soit lui le leader de la bande de jeunes escrocs. Pourtant il est très loin de l’image habituelle du gangster de seconde zone que l’on trouve dans la plupart des films. Ce n’est pas le bandit ex-taulard, tatoué sur l’ensemble du corps, le crâne rasé. Il est très loin de cet archétype. Brett semble plus être un jeune étudiant, doux comme un agneau. Cette impression vient très certainement de deux aspects du personnage. Tout d’abord son aspect physique, un jeune bien coiffé, vêtu d’une chemise. Mais également sa réaction à la vue de Jules. Il est tout de suite très inquiet, dès l’arrivée des deux comparses. Et son inquiétude ne va faire qu’amplifier au fil des minutes. A chaque fois que Jules s’énerve un peu plus, Brett s’enfonce dans les abymes. Il bégaye, n’arrive plus à parler et s’exprime avec une voix de plus en plus aigue.

Enfin nous retrouvons deux personnages qui sont bien moins importants. Marvin est un personnage effacé qui reste au fond. On n’est pas dans le cadre d’une pièce de théâtre, quand certains personnages reste sur scène sans répliques et actions. Ici c’est un peu le cas de Marvin. Il a une action, celle d’ouvrir la porte en tant qu’indicateur de Jules et Vincent, et une réplique qu’il ne termine même pas puisque interrompu par Jules. Roger, appelé « la mèche folle » par Jules est tout de même assez important, même si lors d’un premier visionnage de la séquence ça ne saute pas forcément aux yeux. Et pourtant, Roger est un personnage qui apporte beaucoup au récit par ses deux seules actions. La première fois il mentionne où est cachée la mallette, ce qui est un peu le but de Jules et Vincent. Puis il sert le film et la séquence par sa mort qui déroute complètement Brett et lance le monologue de Jules.

Pour finir avec les personnages, nous pouvons brièvement parler du schéma actantiel de cette scène. Les sujets principaux sont Vincent et Jules, ce sont eux qu’on suit avant et après cette séquence. Leur objet est de récupérer la mallette et de régler leurs comptes aux petits gangsters. Le destinateur comme le destinataire est Marcellus Wallace, c’est lui qui leur a ordonné de récupérer la mallette pour la lui ramener. Enfin les adjuvants sont Marvin qui est leur indicateur et leurs pistolets alors que leurs opposants sont Brett et Roger.
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Message par Stoony Sam 10 Jan - 11:57

II / La dimension ludique de la scène


Quentin Tarantino est le type de réalisateur qui utilise à tous les niveaux des références multiples. Le film dans lequel il s’amuse le plus à piocher dans les différentes cultures, les différents référentiels filmiques, mais aussi littéraires,… est Kill Bill. Dans ce film, le réalisateur américain fait référence au western, au film japonais de samouraï, au manga, au film de chevalier,… Mais dans Pulp Fiction, Quentin Tarantino utilise aussi de nombreuses références. Il crée des symboliques qui lui permettent de faire des clins d’œil à certaines œuvres qu’il peut aimer. Mais cette symbolique sert aussi à insérer le spectateur dans une diégèse qu’il connaît.

Pulp Fiction est un film de mafia. On s’attend donc à ce qu’il soit porté à l’écran de façon classique. Chez Martin Scorsese qui est un peu considéré comme le roi du film qui met en scène des mafieux, une scène de règlement de compte comme il en est question dans notre séquence serait traitée très simplement. Si on prend par exemple la scène où Joe Pesci se fait abattre dans les Affranchis, on constate que tout va très vite. Il entre dans une pièce, comprend en un dixième de seconde ce qui va se passer. Puis on lui tire dans la tête, le sang gicle, il s’écroule, baignant dans une mare de sang.
Chez Quentin Tarantino, tout est différent. Avant même que la séquence ne commence, on sait déjà qu’on n’est pas dans un schéma classique. Que font Jules et Vincent avant d’arriver dans l’appartement de Brett ? Ils marchent dans les couloirs en parlant de sujets totalement incongrus pour ce genre de scène. Ils parlent de massage de pieds, de « Mia la femme du patron », et auparavant dans la voiture, ils ont parlé de McDonald et de bière au cinéma. Il y a tout de suite une originalité qui ressort de cette scène.
Mais Quentin Tarantino ne s’arrête pas en si bon chemin. Une fois entré chez les trois jeunes, Jules reste dans ce personnage qu’il était en compagnie de Vincent. Il se met à parler hamburger avec Brett. Il reprend d’ailleurs des éléments qu’il vient tout juste d’apprendre dans la séquence précédente. Qui plus est, ces éléments font à part entière partis de la vie quotidienne. Ils mentionnent des noms de hamburgers, le mot « sprite »,… On est dans le quotidien d’une famille moyenne américaine, dans l’american dream et tout ce qui va avec. Les sitcoms avec une disposition qui y fait penser, la petite vie tranquille et confortable.
Cet effet de « vie confortable » est encore plus accentué par les répliques de Jules. En effet le personnage utilise des termes « cool », notamment en entrant lorsqu’il dit « alors les jeunes ça boom ? » ou encore « on est désolé, on interrompt votre déjeuner ».

Tous ces éléments servent à créer un paradoxe avec le reste de la scène qui lui reprend les codes du film de gangster. Sans arrêt on jongle entre les deux.
Jules, même si il joue le « mec cool » est tout de même un tueur et il ne laisse pas ses futures victimes l’oublier. Il parle tout de même de Marcellus Wallace le commanditaire. Toutefois la véritable scission se fait au moment où Jules tue Roger. Après ça il ne rigole plus du tout, et on se retrouve enfin dans une scène plus classique de règlement de compte. Plus classique, mais pas encore totalement puisque Jules continue à parler plus que la moyenne dans une scène de ce type. Mais au moins quand il parle, il est agressif. Il s’adresse à Brett de façon énerver, il jette même la table de salon derrière lui. Ce qui soit dit en passant, a l’effet escompté. Brett commence à paniquer encore plus. Il bégaye, n’arrive plus à parler. Pour ce qui est de Jules. Il emploie un langage beaucoup plus vulgaire que dans la première partie de la séquence. « Est-ce que Marcellus Wallace a l’air d’une fiote ? », « alors pourquoi est-ce que t’as essayé de le baiser ? ». Quoi qu’il en soit, que ce soit dans un film classique ou dans un film de Tarantino, la sanction est la même, le personnage qui doit mourir meurt.
Mais ici, avant de tuer Brett, Jules prononce un dernier discours tiré de la bible. Un discours plutôt long. Et une nouvelle fois c’est typique de Tarantino. Chez lui, la parole précède toujours les actions. Dans cette scène, il se sert d’un passage de la bible pour faire monter jusqu’au climax de la scène, là où l’intensité est la plu forte.

Ce qui nous amène à parle de l’aspect religieux que l’on retrouve dans le film et plus particulièrement dans cette séquence.
Il est parfois reproché aux analyses filmiques de trop pousser dans le détail, de trouver des choses auxquelles même le réalisateur n’avais pas pensé. Mais dans cette scène, il est difficile de ne pas constater l’omniprésence du monde religieux. Certains éléments sont volontairement mis en avant. C’est notamment le code de la mallette qui est « 666 », c’est à dire le chiffre du diable. Parmi ces éléments qui sont évidents, il est difficile de passer à côté de la tirade de Jules. Elle est tiré de la Bible, Ezekiel 25, verset 10 et correspond particulièrement bien à la situation. En effet, ce livre raconte que Dieu a établit Ézéchiel prophète et l’envoie vers Israël et les nations rebelles des alentours afin de « nettoyer » tous ceux qui offensent Dieu. Dans cette scène, Jules aurait la figure d’Ezéchiel qui, comme dans la Bible, viendrait punir ceux qui offensent Dieu, ceux qui offensent Marcellus.

Des éléments moins évidents sont aussi présents dans cette séquence et corroborent la thèse selon laquelle la religion est omniprésente. On retrouve par exemple de nombreuses croix à divers moment et endroits de la séquence. Il y en une particulièrement marquante qui apparaît dans le dos de Jules, alors que le gros plan sur son visage peut laissé penser qu’il est habillé comme un prêtre. On retrouve également des éléments comme la mallette qui éclaire le visage de Vincent quand il l’ouvre et qui fait penser à une lumière divine. Par ailleurs toute la scène semble être un grand rituel. Vincent comme Jules savent ce qu’ils font. On a l’impression que ce n’est pas la première fois qu’il procède ainsi, notamment lorsque Vincent vient se placer derrière Brett. Un rituel qui s’amplifie par la suite lorsque Jules commence sa tirade tirée d’Ezekiel. D’ailleurs à la fin du film, lorsque Jules se retrouve en face de Ringo il recommencera ce rituel.

Si on trouve autant de références religieuses dans le film, c’est, non pas parce que Quentin Tarantino est un ultra catholique, mais vraisemblablement pour rapporter à la séquence une idée de divin. Jules et Vincent sont les envoyés de Dieu, Dieu qui en l’occurrence est Marcellus.
















III / L’esthétique de l’œuvre


Comme il l’a déjà été dit plusieurs fois, Quentin Tarantino est un réalisateur à part. Au niveau de l’esthétique de ses films, il l’est encore plus. Que ce soit au niveau de la photographie, du montage, de la mise en scène,… Tarantino fait des choix souvent inédits. Pulp Fiction n’est pas le film dans lequel c’est le plus visible. Le film où Tarantino se fait le plus plaisir à sortir des normes est très certainement Kill Bill. Dans ce film, il utilise le dessin animé de type manga, le noir et blanc, le jeu d’ombres chinoises, les pellicules abîmés,… Toutefois, il ne faut pas oublier que même si Pulp Fiction ne vaut pas Kill Bill sur ce plan là, c’est quand même un film qui sort de la norme.

Mais il est quand même des éléments de ce film qui sont plus classiques et qui répondent à des grands codes du cinéma. Le film a par exemple était tourné en 35mm ce qui est le temps dans la plupart des films un peu importants au niveau du budget. L’alternance des plans est aussi le cas. Comparé à des réalisateurs comme Brian De Palma ou son modèle Alfred Hitchcock, il n’utilise pas de longs plans séquences. On a l’impression qu’il s’amuse moins avec la caméra qu’il peut le faire avec son scénario. Par exemple dans notre séquence, la plupart des plans qui s’enchaînent sont des plans pied, des plans d’ensemble, des gros plans, et des plans taille. Il utilise beaucoup le champ/contre champ, les plongées et contre plongées. Ce sont des éléments plutôt classiques dans le cinéma. Toutefois Tarantino accélèrent la vitesse de montage entre certains plans, notamment quand il y a des actions plutôt violentes. C’est notamment le cas lorsque Jules et Vincent abattent Brett où les plans sont très courts et s’enchaînent beaucoup plus vite que pendant le reste de la séquence. D’ailleurs dans cette séquence, il y a très de plans en mouvement. Nous ne sommes en présence que de plans fixes, à quelques exceptions prêts. C’est le cas lorsque Vincent change de place derrière le comptoir de la cuisine. On suit son déplacement. Mais c’est pratiquement le seul plan.

Par ailleurs cette séquence a un fort un aspect de théâtralité. Les personnages sont tous disposés sur une même scène. Toute la séquence se passe dans pièce et on a vraiment l’impression d’être au théâtre. Quentin Tarantino en rajoute pour qu’on ai vraiment ce sentiment. Il y a notamment un plan qui revient fréquemment et qui nous plonge vraiment dans le côté théâtral. C’est le plan d’ensemble de la pièce pris de face de puis l’endroit où se trouve Vincent. Si on omet ce personnage qui se trouve en fait derrière ou à côté de la caméra, la disposition fait vraiment penser au théâtre. On a une pièce bien structurée, avec trois murs. Elle est disposée comme un décors de théâtre, une table, un canapé des chaises. Et surtout les personnages sont disposés comme s’ils étaient au théâtre. Déjà la caméra est à peu près à la distance d’un spectateur dans une salle de théâtre. Jules est au milieu de la pièce, debout. Il est mis en avant. Puis autour de lui sont disposés les deux autre personnages (Brett et Roger) qui vont avancer la scène. Le seul défaut qui apparaît quant au fait qu’on parle de théâtralité et qu’ils soient dos au public. Mais ce qui laisse le plus penser au théâtre est la position de Marvin. Il est effacé au fond, comme si il était aussi spectateur et attendait simplement de pouvoir dire sa réplique.
Cet aspect théâtral est, comme il l’a été dit précédemment, amplifié par des dialogues de la vie quotidienne qui donne un aspect original au film. On peut encore ajouter le fait que les personnages aient une diction très théâtrale. C’est notamment le cas de Samuel L. Jackson qui parle en articulant beaucoup, comme s’il voulait être bien compris par l’ensemble de la salle.
Cette interprétation est celle d’un public d’une classe plutôt élevée qui a l’occasion d’aller au théâtre. Les autres peuvent plus y voir l’aspect sitcom de la chose. Mais la sitcom n’est elle pas du théâtre. Les épisodes de ces séries sont tournés en public sur un plateau disposé comme une salle de théâtre. On est donc relativement dans le même type de relation.

Au niveau du son, Quentin Tarantino s’amuse une nouvelle fois avec le quotidien. Il utilise de nombreux sons de la vie quotidienne, ce qui une nouvelle fois ajoute au côté décalé de la séquence. Qu’entend-on par son de la vie quotidienne ? Ce sont en fait des bruits tel que ceux des casseroles dans le placard, du sprite aspiré, du hamburger mâché, des pas,… Tous ces sons sont particulièrement amplifiés. On les entend aussi distinctement que lorsque Jules parle et s’énerve sur Brett. Ce qui ajoute un comique de situation à la scène. Mais les sons les plus amplifiés sont tout de même ceux des revolvers lorsque Vincent et Jules exécutent Brett.

Pour finir, on peut parler de la musique du film. Si dans cette séquence elle n’est pas présente, il paraît tout de même très important de la mentionner. Comme pour tous ces films, Quentin Tarantino ne fait pas appel à un compositeur qui lui composerait une bande originale spécialement pour le film comme peut le faire Steven Spielberg avec John Williams, Tim Burton avec Danny Elfman ou Peter Jackson avec Howard Shore ou James Newton Howard. Tarantino lui préfère réutiliser des musiques qui l’ont marqué. On est presque tout le temps dans les années 50/60/70, rarement plus tard. Par exemple dans Pulp Fiction il utilise Al Green, Chuck Berry,… Même le célèbre morceau Misirlou interprété par Dick Dale est une reprise puisqu’au départ c’était un chant traditionnel grec. Pourtant dans notre imaginaire, cette musique est Tarantino, est Pulp Fiction. Et quand on en entend une des nombreuses reprises à la radio on se fâche en expliquant à son voisin que ce n’est pas l’originale, que la vraie vient de Pulp Fiction. Ce qui en réalité est totalement faux.
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Message par Stoony Sam 10 Jan - 11:58

Pulp Fiction est un film qui est resté dans les mémoires. Souvent on reproche à ses fans d’être dans un effet de mode. Il faut aimer Tarantino pour être branché dans le milieu cinéphile. Pourtant on s’aperçoit que Quentin Tarantino est véritablement un réalisateur à part dans le monde du cinéma. On peut ne pas l’aimer, mais dire qu’il n’insuffle pas de l’originalité et une nouvelle dynamique au cinéma serait mentir.
Par ses choix tant scénaristiques qu’esthétiques, le réalisateur américain parvient à nous transposer dans un cinéma d’auteur grand public. Ce qui en soit est une tâche particulièrement difficile. Le grand public a tendance a plutôt bien s’entendre avec les blockbusters qu’avec le cinéma d’auteur. Pourtant Tarantino réussi ce pari. Certes ses films ne feront malheureuseument jamais autant d’entrer que Bienvenue chez les Ch’tits, mais il réussit mieux que la plupart du cinéma d’auteur actuel.

Il faut dire que Quentin Tarantino a trouvé la bonne sauce. De la violence, du sang, des références multiples à différents genres, un univers bien spécifique, des dialogues tranchants, et une plétore d’acteurs. Une chose qu’il prouvera très certainement dans son prochain film, Inglorious Bastard, dans lequel il rencontrera pour la première fois Brad Pitt.
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Message par Pinturicchio Sam 10 Jan - 16:55

j'ai pas encore lu mais je vais le faire assurément car tu sais à quel point j'adore mister tarantino...

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Message par Stoony Jeu 25 Juin - 15:25

Le film sur lequel j'ai travaillé le second semestre !
C'est donc un film sur la recherche en droit et nous avons décidé de réaliser une sorte de docu fiction.

https://www.youtube.com/watch?v=DTB_hJ71EUM&eurl=http%3A%2F%2Fwww%2Efacebook%2Ecom%2Fposted%2Ephp%3Fid%3D1016744944%26start%3D10%26hash%3D546ed091161bd59aca014978a7e4f62f&feature=player_embedded


Junior pour te répondre, c'est la partie fiction que n'ont pas du tout aimé les profs. Ils l'ont trouvé bien faite, mais ont pas accroché !
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